Alerte aux entraves à la liberté d’expression et la restriction de l’espace civique en cette période éléctorale

Dans le cadre de l’Atelier de renforcement de capacités et d’échanges organisé par SAFIDY, pour la réalisation d’une campagne d’éducation et de communication électorales par les médias à travers la production d’émissions sous plusieurs formats et à différents niveaux, national, régional et local, les 40 journalistes, animateurs et techniciens ici présents issus de différents organes de presse font part de leurs préoccupations face aux :

  • Dernier classement annuel de Reporter Sans Frontière (RSF). La note de Madagascar en matière de liberté de la presse continue de chuter : passant de 58,02 sur 100 en 2022 à 56,66 en 2023 ; de la 98ème place à la 101ème place sur 180 pays. Notre pays se situe donc parmi les pays à situation problématique dont les points sont compris entre 55 et 70.
  • Problèmes d’accès aux sources d’informations institutionnelles et publiques constituant une véritable entrave majeure dans l’exercice du métier de journalisme et aussi une menace pour l’effectivité de la démocratie. Jusqu’à maintenant la loi sur l’accès à l’information, un des engagements phares de l’actuel Gouvernement à travers le Ministère de la Communication et de la Culture n’a pas encore été adoptée
    sans aucune explication valable.
  • Absence de l’ANRCM (Autorité Nationale de Régulation de la Communication Médiatisée) reste une lacune et constituerait un risque en cette période électorale, favorisant le non-respect des principes de pluralité, d’éthique, d’équité et d’équilibre durant la campagne électorale.
  • Manque de dispositions légales encadrant la période de pré-campagne, qui ouvre la voie à certains politiciens de prendre une longueur d’avance dans la propagande, et accentuant l’utilisation avantageuse par les partis pro-pouvoir de l’audiovisuelle publique pour servir leurs causes à l’exemple de la couverture des séries d’inaugurations des différents projets.
  • Phénomène de polarisation des médias caractérisé par des organes de presse appartenant en majorité à des acteurs politiques, liés aux grands groupes économiques. Phénomène qui, en période électorale, oblige beaucoup de journalistes à interpréter à l’extrême les informations selon les intérêts des propriétaires, risquant de nuire à leur professionnalisme et même de favoriser des tensions ou conflits.
  • Prolifération de la désinformation ou fake news néfaste aux actions d’éducation et de communication électorale

Conscients de leurs droits et devoirs ainsi que les conduites à suivre en cette période électorale et pour pouvoir exercer en toute sérénité leurs fonctions, les professionnels des médias réunis dans cet atelier exhortent toutes les parties prenantes notamment le Gouvernement à faire les efforts pour pallier à ces manquements, pour respecter nos engagements et obligations aux instruments juridiques internationaux, régionaux et sous régionaux, comme le Pacte international relatifs aux droits civils et politiques DCPI du 16 décembre 1966 (article 19), la Charte Africaine des Droits de l’Homme et de peuples du 27 juin 1981 (article 9, article 10 et 11) et la Charte Africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance du 30 janvier 2007, et afin d’assurer l’effectivité des Droits de l’Homme, la consolidation de la paix et de la démocratie dans notre pays.

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