DECLARATION PRELIMINAIRE SUR L’OBSERVATION DES ELECTIONS LE JOUR DU SCRUTIN

Le deuxième tour de l’élection présidentielle du 19 décembre 2018 s’est généralement déroulé dans le calme malgré les quelques incidents et insuffisances constatés.Constats généraux · Les résultats du premier tour de l’élection présidentielle ont qualifié deux candidats sur les 36 qui ont brigué le poste de la magistrature suprême : Andry RAJOELINA et Marc RAVALOMANANA. Les candidats perdants ont décidé d’appuyer soit l’un ou l’autre candidat pour le deuxième tour, ou ont préféré ne soutenir aucun des deux.· Pendant la campagne électorale du 04 au 17 Décembre 2018, sur environ 313 Communes observées par SAFIDY issues de ses 34 districts de 7 régions d’interventions, les campagnes faites par les candidats et leurs comités de soutien ont couvert plus de la moitié des communes. Les candidats eux-mêmes n’étaient présents que dans moins de 8% des communes. Les dénigrements entre les partisans des candidats ont été observés dans 8,2% des communes.· Les médias malgaches ont couvert le processus électoral du second tour de l’élection présidentielle avec moins d’alarmisme qu’au premier tour. Ils ont donné peu d’échos aux mouvements anti-élections, aux discours alarmistes et aux propos discréditant la Commission Electorale Nationale Indépendante ou la Haute Cour Constitutionnelle. Les médias publics se sont abstenus d’évoquer certaines situations sensibles qui ont été relevées par des médias privés durant cette période électorale. · Le jour du scrutin du 19 décembre s’est déroulé dans le calme et de manière générale, les procédures ont été respectées, malgré quelques incidents et insuffisances constatés.· Le second tour de l’élection présidentielle a vu une baisse[1] du taux de participation. Cette diminution peut être expliquée par : la saison de pluie, l’ambiance de festivité, le manque de motivation des électeurs, l’insatisfaction des attentes citoyennes, et une lassitude due à l’ambiance électorale, en particulier les attitudes des candidats et de leurs partisans, la période de culture et de semis dans les zones rurales, ainsi que d’autres raisons. · L’observatoire SAFIDY est au courant des rumeurs sur les tentatives de fraude et les irrégularités relayées par des deux camps et recommande aux électeurs d’attendre dans la sérénité les résultats qui seront proclamés par les autorités compétentes et aux candidats de recourir aux voies légales pour les possibles contestations.Méthodologie Pour contribuer à la crédibilisation, à la transparence et à la légitimité du processus électoral lors du second tour du scrutin présidentiel du 19 décembre, l’Observatoire SAFIDY a déployé un contingent de 7350 observateurs dans 34 districts de 7 régions, respectivement Amoron’i Mania, Analamanga, Androy, Atsimo Andrefana, Atsinanana, Boeny, Sava. Les femmes représentent 47% et les jeunes 62% des observateurs déployés par SAFIDY. Couvrant 9350 bureaux de vote, ce qui représente 40% de l’électorat, SAFIDY est la plus grande mission d’observation électorale malgache déployée pour les élections présidentielles de 2018. L’Observatoire SAFIDY a couvert toutes les étapes du processus électoral à savoir la Révision Annuelle de la Liste Electorale, la pré-campagne, la campagne électorale, l’audit du logiciel du traitement des résultats de la CENI, le jour de silence, et le jour du scrutin. En ce moment nos observateurs sont en train d’observer les activités de consolidation et traitement des résultats au niveau des SRMV et assurent une présence permanente à la CENI pour la centralisation des résultats provisoires. L‘observation des contentieux électoraux et la phase post-électorale font aussi partie de la méthodologie de travail. Cadre juridique et institutionnelLe cadre juridique régissant l’élection présidentielle a fait cette année l’objet d’une réforme avec la promulgation de deux lois organiques[2] du 11 mai 2018 et de sept décrets[3]. À part ces deux lois, d’autres textes[4] s’appliquent également à l’élection présidentielle. Les lois électorales actuellement en vigueur sont, en général, conformes aux principes en matière de droits humains et d’élections démocratiques prévus par les instruments internationaux[5] auxquels Madagascar a adhéré. Nonobstant ces réformes du cadre juridique des élections, les disposions des deux nouvelles lois électorales du 11 mai 2018 souffrent d’un certain nombre d’imperfections et de lacunes qui sont parfois de nature à porter atteinte au principe d’égalité de chance des candidats en compétition pour l’élection présidentielle. Les lois électorales actuellement en vigueur ne comportent aucune disposition qui prévoit et régit la période de « précampagne » électorale ; ce vide juridique a créé une rupture d’égalité des chances entre les candidats durant la période antérieure à l’ouverture de la campagne électorale officielle. Par ailleurs, l’absence de plafonnement des dépenses de campagne a porté gravement atteinte au principe d’équité des moyens utilisés pour la propagande électorale. Enfin, les deux nouvelles lois électorales du 11 mai 2018 n’instaurent pas une obligation pour les candidats à l’élection présidentielle d’ouvrir un compte bancaire ; cette situation ne permet ni un contrôle efficace et ni une traçabilité du financement des dépenses électorales engagées par chaque candidat à la présidentielle. En l’absence de l’Autorité Nationale de Régulation de la Communication Médiatisée (ARCM), une Cellule de veille a été créée au sein de la Commission Electorale Nationale Indépendante. Elle est composée de 10 membres issus du MCRI, de l’ORTM et de la CENI. Elle est chargée de réguler l’exercice des activités de communication médiatisée mais également de contrôler l’utilisation des nouvelles technologies et des communications sur les réseaux sociaux à partir de la publication de la liste des candidats.Administration électoraleRenforcement des capacités et de la logistiqueLa CENI a donné suite à la recommandation de SAFIDY de renforcer les formations et la compréhension des rôles et responsabilités des membres des BV pour le deuxième tour surtout sur la préparation et l’organisation du déroulement du scrutin. La CENI a remplacé les membres des BV qui ont manqué de performance pendant le premier tour. Concernant la recommandation de SAFIDY sur les mesures à prendre pour s’assurer de l’arrivée des matériels de votes à l’avance dans les localités ou BV surtout les matériels sensibles (liste électorale et bulletins suffisants), elle a été suivie partiellement par la CENI. Des cas liés à l’absence de listes électorales dans les bureaux de vote et au manque des bulletins uniques ont été signalés par nos observateurs. Communication et transparenceLors du premier tour du scrutin, la CENI a donné la possibilité aux citoyens de vérifier les résultats BV par BV, ce qui représente une mesure essentielle relative à la transparence du scrutin. L’observatoire SAFIDY insiste sur la nécessité de garder cette pratique pour le deuxième tour, afin de renforcer la confiance des acteurs politiques dans le processus. En termes de communication, la CENI a fait un effort entre les deux tours pour assurer une participation plus forte à travers la multiplication des canaux de communication[6], comme recommandé par SAFIDY. Cependant, SAFIDY déplore la diffusion de différents messages qui prêtent à confusion sur la procédure de cochage des bulletins de vote par la CENI elle-même. SAFIDY regrette aussi la décision unilatérale de la CENI, prise sans consultation avec toutes les parties prenantes, d’organiser le deuxième débat entre les candidats à huis clos et encourage l’autorité électorale de prendre toutes les décisions de manière consensuelle avec tous les acteurs impliqués. L’audit du logiciel du traitement des résultats de la CENIL’observatoire SAFIDY a été invité à observer l’audit du logiciel du traitement des résultats de la CENI. Le constat fait par l’expert de SAFIDY rejoint ceux des auditeurs et montre que le système mis en place par la CENI pour le traitement des résultats est fiable. Il a été d’ailleurs accepté par toutes les parties prenantes à l’audit, y compris les représentants des deux candidats et les experts internationaux. Coopération avec la CENI et l’accès des observateursL’observatoire remercie la CENI pour la coopération et les échanges tout au long du processus. Toutefois, pour les deux tours du scrutin, certains observateurs ont rencontré des difficultés d’accès dans les BV, malgré les dispositions communiquées par la CENI pendant les formations. Jour de silence Par rapport aux informations issues de 210 communes, le jour de silence a été respecté. A part les sms téléphoniques véhiculant des messages de propagande qui ont continué d’être reçus par les citoyens, aucun cas caractérisé de violation du silence n’a été enregistré. Campagne électorale Couverture
La campagne électorale du second tour s’est étalée du 04 au 17 Décembre 2018. Durant cette période et sur environ 313 communes observées par SAFIDY dans ses zones d’interventions, les campagnes faites par les candidats et leurs groupes de soutien ont couvert plus de la moitié des communes : 65,2% pour le candidat N°13 et 56,6% pour le candidat N°25. Les candidats eux-mêmes n’étaient présents que dans moins de 8% des communes : 7,7% pour le candidat N°25 et 5,8 % pour le candidat N°13. Engagement des femmes et des jeunes : On remarque plus d’engagement des femmes et des jeunes dans les campagnes électorales surtout celles faites directement par les candidats. Les femmes ont représenté plus de 50% du public assistant aux événements organisés par les candidats dans 66,67% des communes visitées par le candidat N°13 et 42,9% des communes visitées par le Candidat N°25. Une affluence qui est moindre pour les événements organisés par les groupes de soutien : seulement 15% des communes pour le candidat N°25 et 19,2% des communes pour le candidat N°13 que les femmes ont représenté plus de 50% du public. Pour les jeunes, ils ont représenté plus de 50% du public assistant aux événements organisés dans 58,3% des communes visitées par le candidat N°13 et 35,7% des communes visitées par le candidat n-25. Les campagnes menées par les représentants des candidats ont moins intéressé les jeunes (34,8% des communes pour le candidat N°13 et 30,3% des communes pour le candidat N°25) qui ont représenté plus de 50% du public.Problèmes de rigueur et de professionnalisme. L’inexistence de tableaux d’affichage officiels a eu comme conséquence la multiplication des affichages sauvages. Cette situation a été enregistrée dans 17,7% des communes observées pour le N°13 et 11,5% le N°25. Pour les deux candidats, la pose d’affiche dans des lieux interdits est beaucoup plus remarquée dans les régions Analamanga, Atsimo Andrefana et Amoron’i Mania. Aucune infrastructure n’est épargnée : CISCO, EPP, CEG, Poteaux de la JIRAMA, bâtiments religieux, bureaux des communes, hôpitaux, DREN.Langage et/ou comportement déplacés. Les dénigrements entre les partisans des candidats ont été relevés dans 8,2% des communes avec plus de cas recensés à Analamanga (13,2%) suivis des régions Atsinanana (8,9%), Boeny (8,3%) et Amoron’i Mania (8,1%). Dans les communes concernées, les dénigrements faits par le candidat N°13 ont concerné 65,2% des communes et 43,5% des communes pour le candidat N°25. La dénonciation des chroniques diffusées dans les radios AZ, IBC et le collectif Miara Manonja ont été récurrentes. D’autres signalements ont également fait part de la distribution du journal « Loza 25 » par les partisans du N°13. Au lieu de vulgariser leur programme, les parties se sont adonnées à une campagne de dénigrements et de propos discriminatoires basés sur l’origine sociale ou ethnique. Abus des prérogatives de puissance publique et participation des fonctionnaires. L’abus des prérogatives de puissance publique a été très faible, enregistrée seulement dans 1,4% des communes. En outre, la participation des fonctionnaires dans les campagnes a été enregistrée dans 21,1% des communes, avec une proportion légèrement plus élevée de 18,5% en faveur du candidat N°13 comparé au 15,3% en soutien au candidat N°25. Outre les députés, les maires et leurs adjoints et les conseillers communaux autorisés à faire la campagne, ce sont les enseignants et le personnel de l’éducation qui se sont les plus mobilisés.Distributions d’argent, menaces : Les distributions d’argent ont été observées dans 10,4% des communes. Dans la majorité des cas, elles ont été pratiquées par les groupes de soutien[7] du candidat N°13 (82,8% des cas) par rapport à 17,2% des cas par les groupes de soutien du candidat N°25. Dans certains cas, les distributions ont été faites avec comme contrepartie les informations sur les électeurs (CIN, CE, N° BV). Les menaces[8] ou pressions ont été seulement enregistrées au niveau de 1,2% des communes observées. Infractions de corruption[9] : Pendant la campagne électorale du second tour, les observateurs de SAFIDY et les citoyens qui ont utilisé les numéros verts ont signalé 117 cas relatifs à ces infractions, toutes régions de Madagascar confondues : 88 sont attribués au candidat N°13 et ses partisans et 29 sont attribués au candidat N°25 et ses partisans. Des cas (présumés) sont survenus et ont été signalés et présentés rapidement de manière diligente au BIANCO pour recoupement et investigations.SensibilisationLes actions de sensibilisation de la CENI ont ciblé la participation au vote et l’utilisation du bulletin unique. SAFIDY déplore le fait que la CENI n’a pas prévu un nombre suffisant de spécimen de bulletin unique, ce qui aurait amélioré la sensibilisation faite par la société civile et aurait réduit le nombre de bulletins nuls. Dans le cadre du projet FANOA[10], des activités de sensibilisation sur la participation au vote ont été menées dans les 34 districts d’intervention, ce qui représente environ 40% de l’électorat. Il s’agit de sensibilisations de groupes, de visites à domiciles et de communication interpersonnelles via lesquelles les agents de changement ont distribué des dépliants et des affiches. Les autres outils utilisés ont été des films courts et des chansons produits par des volontaires formés en éducation et communication électorales dans le cadre du projet. Ils ont été diffusés dans les transports publics à travers une collaboration avec les associations de transports nationales et régionales. Un autre volet de coopération concerne la diffusion des messages (écrites et orales) à travers les chauffeurs de taxis (à partir du 14 décembre 2018).Des émissions radios et Tv coproduites par l’équipe de FANOA, des OSCs des districts et des journalistes des chaînes nationales et régionales ont permis de donner des informations pertinentes aux citoyens quant au déroulement du processus électoral et sur les actions entreprises par la société civile pour des élections crédibles et acceptées par tous.Les médias sociaux ont été aussi exploités pour diffuser des messages dans l’esprit de sensibilisation pour des élections crédibles et apaisées. Les réactions à travers les commentaires et la reprise des publications par de multiples utilisateurs de Facebook montrent non pas seulement l’engagement du public mais aussi l’impact de la dissémination des messages sur les citoyens. La multiplicité des messages positifs sur les réseaux sociaux de la part de simples citoyens (appel à l’apaisement, appel à voter, appel au vote responsable avec des critères) a montré la bonne volonté des électeurs de participer sereinement au scrutin.Afin de renforcer la veille citoyenne dans la lutte contre la corruption et les mauvaises pratiques électorales, FANDIO[11] a lancé un concours de plan de sensibilisation dans ses six régions d’intervention : Analamanga, Amoron’i Mania, SAVA, Boeny et Atsimo Andrefana. Il a été convenu avec les gagnants de capitaliser sur les outils déjà fournis par le projet : LCC Skills, Livret sur les mauvaises pratiques, chanson de sensibilisation. La campagne de sensibilisation a eu lieu durant la période de campagne électorale en insistant sur la disponibilité des numéros verts pour des signalements des mauvaises pratiques : 034 30 810 20, 032 32 032 32, 033 65 023 33. Monitoring des médias (Source : Projet d’appui à la prévention et gestion de conflits et violences potentiels liés aux élections à Madagascar ou PEV Madagascar)Les médias malgaches ont couvert le processus électoral du second tour de l’élection présidentielle avec moins d’alarmisme qu’au premier tour. En effet, ils ont donné peu d’échos aux mouvements anti-élections, aux discours alarmistes et aux propos discréditant la Commission Electorale Nationale Indépendante ou la Haute Cour Constitutionnelle. Dans le même sens, les médias publics se sont abstenus, semble-t-il, d’évoquer certaines situations sensibles qui ont été relevées par des médias privés durant cette période électorale. En matière d’éducation électorale, les stations audiovisuelles publiques ont diffusé systématiquement les spots, clips et autres formats journalistiques utilisés pour l’éducation électorale. Les médias privés n’ont pas suivi cette tendance : les émissions d’éducation électorale n’ont pas été suffisamment visibles sur les chaînes privées et la presse écrite privée. Les citoyens ont pu être informés, généralement grâce aux candidats qui ont expliqué les procédures de vote dans le cadre de leur campagne électorale. Les thèmes abordés par les médias ont concerné, globalement, les échos de campagne des candidats et les manifestes de campagne. Il semble que les visions et les programmes des candidats n’aient pas été suffisamment traités dans les médias, sauf dans les médias dont le soutien à un candidat était flagrant et qui consacrent ainsi, un temps d’antenne assez large à ce candidat ; mais également dans les médias publics dans le cadre des débats qu’ils ont organisés. Par ailleurs, les chroniques politiques et les publicités politiques semblent avoir prévalu sur les autres formats journalistiques tels que les enquêtes, analyses et débats, dans les médias privés. Notons que les médias privés, ont été nombreux à avoir diffusé conjointement (autrement dit, avec d’autres médias qui adoptent la même couleur politique), des émissions sur les élections. Les formes de dérives journalistiques se rapportent à des discours de dénigrement et des rumeurs propagées à l’encontre de candidats et de leurs partisans. Cela peut s’expliquer par le fait que la partialité des médias a été plus accentuée durant le second tour de la présidentielle, dans la mesure où des médias privés qui ne se sont pas positionnées en faveur de candidat lors du premier tour, ont suivi la tendance générale qui consiste à soutenir un candidat sur les deux en lice. Cette forme de partialité s’est manifestée généralement, de manière assez agressive, à travers des discours hostiles envers l’autre candidat non soutenu, à la fois dans les contenus éditoriaux et les contenus commerciaux. Un constat général montre, par contre, que les médias publics ont respecté la neutralité politique qui leur incombe.)Jour du scrutinComme au premier tour, l’Observatoire SAFIDY a mis en place un Centre d’Appel et de Saisie qui a assuré la communication directe et le transfert des informations en temps réel avec les observateurs sur le terrain. Après l’analyse des données par le Centre de Traitement, ces données ont été transmises à la Cellule de Veille qui s’est occupée de toutes les situations liées aux droits humains et aux possibles insuffisances ou irrégularités liées aux procédures pendant le scrutin. Des représentants de la CENI, de la CNIDH, du projet PEV, de la Gendarmerie, de la Police Nationale ont été présents dans la Cellule de Veille pour répondre et agir rapidement afin de dénouer et résoudre tout problème qui peut survenir le jour du scrutin. Pour le deuxième tour, 38 situations ont été reçues et traitées par la Cellule de Veille, ce qui représente une augmentation de 72,72% par rapport au premier tour. Les observateurs ont signalé deux cas d’achat de vote avec pression sur les citoyens pour un des cas, attribués aux partisans du candidat 13. Les constats de cette déclaration préliminaire sont basés sur un échantillon de 2000 BV dans les zones d’intervention de Safidy.1. L’ouverture des BV· 83,2% ont ouvert à temps, c’est-à-dire à 06h du matin. Presque la totalité (98%) des BV ont pu ouvrir avant 08h. Cependant, ces retards n’ont pas créé d’incidents majeurs. Ces retards d’ouverture ont été occasionnés, dans la plupart des cas, par la mauvaise organisation interne liée à la préparation, la mise en place de l’isoloir et/ou la répartition des tâches entre membres du BV (62,6%) ; le retard de l’acheminement des matériels de vote comme l’enveloppe plastique, le badge, le PV, les lampes de poche avec piles, le Bulletin unique, etc. (15,9%), le retard des membres des bureaux de vote (16,9%). Le reste a été causé par des intempéries ou des petits incidents entre les acteurs dans les BV, délégués et/ou membres des BV.· L’absence de tirage au sort pour la signature au dos des bulletins uniques a été relevé dans 2,8% des BV. A la place, soient les signataires du 1er tour soient 2 personnes désignées par le président du BV qui l’ont fait. La plupart de ces cas ont été recensés dans les régions Atsinanana (4,7%), Boeny (3,8% des BV) et Analamanga (3,8% des BV).· 92,8 % des bureaux de votes disposaient des matériels complets à l’ouverture. Le manque de matériels a été les plus fréquents dans les régions Androy, SAVA et Amoron’i Mania. Le manque des matériels concernait les lampes et piles (4,2%). Les problèmes et manques d’isoloirs, de listes électorales ou de carnets de bulletins ont été constatés dans moins de 1% des BV. Les listes électorales de certains BV installés dans des Fokontany portant le même nom mais se trouvant dans des communes différentes ont été inter-changées. Ce fut le cas des BV des Fokontany de Tsararano par exemple. · 1,3 % des BV ont connu des troubles à l’ouverture à cause de la pré-signature des PV, l’absence de mandat de certains délégués des candidats ou la désorganisation.2. Le déroulement du scrutin· Dans les régions observées par SAFIDY, la participation aux élections à midi de 29,8% a été plus faible par rapport au premier tour à 44%.· Pendant le scrutin, la situation s’est bien déroulée et a été calme sans trop d’encombres car les incidents n’ont été rencontré que dans 0,4% des BV observés par SAFIDY notamment dans les régions Atsimo, Boeny et Analamanga. Dans les BV où des incidents ont été constatés, ils ont été principalement causés par l’incapacité des membres de BV à gérer l’affluence des électeurs dans plus de ¾ des cas et les restes à caurs de l’étroitesse du BV. · SAFIDY a observé que dans 1,68 % de l’ensemble des BV, le caractère secret du vote n’a pas été respecté. Pour le deuxième tour, aucun cas d’isoloirs non conformes laissant transparaître le marquage du bulletin n’a été enregistré qui s’y font. Il y a eu aussi dans 11,4 % des BV où des électeurs ont été assistés jusqu’à l’isoloir surtout à Androy (18,2%) et Analamanga (17,1%). Les personnes qui ont aidé ces électeurs sont généralement des personnes choisies par les électeurs/membres de leurs familles (64,2% des cas d’assistances) ou les membres de BV (18% des cas). Des cas d’assistance par les délégués des candidats (0,8% de cas) ou les observateurs (3,5%) ont été rapportés.· Dans 7,6% des BV, les personnes âgées, les malvoyants/aveugles ou d’autres personnes en situation d’handicap ont bénéficié d’assistances. Les assistances aux illettrés n’ont été rencontrés que dans très peu de cas, 0,6% des BV.· Environ 1/3 des BV que SAFIDY a couvert ont été observés par d’autres Observateurs nationaux notamment de Justice & Paix, KMF/CNOE, CSA, etc. C’étaient dans les régions Atsimo Andrefana (45%), Atsinanana (45% des BV), Analamanga (33% des BV) et Boeny (33%) que la présence de ces autres observateurs nationaux a été la plus remarquée comparativement à Androy (2,3%), SAVA (17,7%) et Amoron’i Mania (23,7 % des BV). Cette présence des observateurs nationaux est quasi-similaire au premier tour. · 21,5% des BV observés par SAFIDY ont été visités par des Observateurs Internationaux de l’UE, SADC, UA, OIF, etc. Ils ont été plus remarqués dans les régions Boeny (32% des BV), Atsimo Andrefana (25,8%), Analamanga (25,4%), Atsinanana (22,6%) et SAVA (18,3%),. Leurs présences à Amoron’i Mania et Androy ont été très faibles.· Les observateurs et les membres de BV ont bien collaboré dans l’écrasante majorité des BV (97,2%). Les membres de BV ont empêché les observateurs de SAFIDY de faire leur travaille dans certains BV dont celui de l’EPP Mandroseza, principalement à cause de l’insuffisance des papiers attestant la qualité d’observateurs[12]. Certains observateurs ont également eu du mal à obtenir les PV.· Pour les délégués des candidats, 96,3% des BV ont été couverts par au moins un délégué de candidats. Les candidats n-13 et n-25 ont couvert respectivement 95,7% et 93,8% des BV. Les délégués des partis et candidats ont généralement bien exercé leurs rôles. · D’autres perturbations ont été également signalées à l’exemple d’une menace de fermer un BV à cause des problèmes d’indemnité ou d’un port d’arme dans un BV avec usurpation d’identité (un homme se disant « observateur de la police nationale en tenue civile ». Des signalements ont également rapporté des cas de voiture garée près des centres de vote dans laquelle des personnes munies d’une longue liste distribuent de l’argent. La fermeture des BV et le comptage des voix · 82,9% des BV dans nos 7 régions et 34 districts d’intervention ont fermé à l’heure, c’est à dire à 17h, donc en amélioration par rapport au premier tour. La grande majorité (plus de 98%) ont tous fermés avant 18h. La queue à la fermeture a été observée dans 8,5% des BV. Dans ¾ des cas, les retardataires au moment de la fermeture ont pu voter.· Néanmoins, la fermeture et le comptage des voix se sont passés globalement dans le calme, avec une amélioration sur la maitrise des procédures par les membres des BV. Les incidents ont été observés dans très peu de BV (1,94%) contre 2,8% de BV durant le premier tour. Le principal problème constaté lors de la fermeture des BV était la faible capacité de gestion des électeurs tardifs, qui a entraîné des brèves altercations entre les membres des BV et d’autres personnes.· Notons que les coupures d’électricité après la fermeture ont été rares dans 4% des BV à l’exception dans les régions Androy/Bekily (22%) et Atsinanana (10%). · Le comptage des voix a été fait, dans presque tous les BV n’était pas fait publiquement : Dans 90% des BV, il y avait plus de 5 personnes qui y ont assisté et dans 83,3%, il y avait plus de 10 personnes. Concernant la présence des membres des BV, 92% des BV ont fait le comptage de voix en présence de plus de 3 membres de BV.· Près de 64% des PV sont prêts avant 20 heures, tandis que 8.5 % des BV n’étaient prêts qu’entre 21h et minuit. Les autres n’ont pu compléter les PV et n’ont pas été prêts pour leur acheminement avec les matériels de votes auprès du SRMV qu’après minuit. Outre les problèmes sur la coupure d’électricité, etc., les observateurs SAFIDY ont relevé aussi un certain manque d’organisation et une certaine lassitude (causée par l’insuffisance des capacités et/ou la fatigue) des membres des BV et des acteurs dans la confection des PV : des PV n’ont pas été correctement remplis.Recommandations SAFIDY recommande aux citoyens de ne pas se laisser manipuler et de se fier en priorité aux informations fournies par la CENI et les observateurs agréés.
L’observatoire SAFIDY est une structure indépendante, neutre, dotée d’un savoir-faire technique et d’analyse, créé avec l’appui de l’Union Européenne. Elle a pour mission de recueillir les données et les faits saillants sur le déroulement des élections, et après analyses, de communiquer et publier ses constats techniques.SAFIDY est ainsi une structure pérenne capable de fournir des outils efficaces et de référence permettant à la société civile de faire des actions d’interpellation et de plaidoyer. Les recommandations issues de ses observations seront partagées à tous les acteurs impliqués dans le processus électoral pour servir d’outils de renforcement, de plaidoyer et d’interpellation des instances nationales. Contact : 034 06 883 65 / safidy.observatoire@gmail.com
[1] Selon l’échantillon de l’Observatoire SAFIDY, taux de participation à 50%. Selon la CENI à 14h00 du 21 décembre 2018 47,50%
[2] Loi organique n° 2018-008 relative au régime général des élections et des référendums et la Loi organique n° 2018-009 relative à l’élection du Président de la République.
[3] Décrets n°2018-640, n°2018-641, n°2018-642, n°2018-643 et n°2018-644 du 29 juin 2018, et, les Décrets n°2018-690 du 10 juillet 2018, n°2018-795 du 17 juillet 2018 et n°2018-903 du 1er août 2018.
[4] La Constitution du 11 décembre 2010 de la IVème République, l’Ordonnance n° 2001-003 du 18 novembre 2001 portant loi organique relative à la Haute Cour Constitutionnelle et la loi n° 2015-020 du 19 octobre 2015 relative à la structure nationale indépendante chargée de l’organisation et de la gestion des opérations électorales dénommée « Commission Électorale Nationale Indépendante ».
[5] Notamment le Pacte international relatif aux droits civiques et politiques (PIDCP) : adopté par l’Assemblée générale des Nations Unies dans sa résolution 2200 (A) XXI du 16 décembre 1966. Entrée en vigueur le 23 mars 1976, conformément aux dispositions de l’article 49 et signé par Madagascar en juin 1970; la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la gouvernance de l’Union africaine (CADEG) : adoptée en janvier 2007 par 29 pays africains, entrée en vigueur le 15 février 2012 et ratifiée par Madagascar en décembre 2015; la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (CEDEF) : adoptée par l’Assemblée générale des Nations Unies en 1979, entrée en vigueur en 1981 et ratifiée par Madagascar en décembre 1988 ; et la Convention relative aux droits des personnes handicapées du 13 décembre 2006 et ratifiée par Madagascar en décembre 2014 .
[6] SMS et réseaux sociaux
[7] Soutiens : Députés, Chef Fkt, Citoyens représentants
[8] Gros bras intimidant les gens par des jets de pierre ou petits accrochages des pieds, chantage par rapport aux contrats des agents qui n’assistent pas aux campagnes par les élus, etc.
[9] Distribuer argent et biens, faire pression avec ou sans argent, profiter de sa position publique pour influencer les institutions électorales (centrales et locales) et les électeurs constituent des infractions de corruption dans le processus électoral
[10]Fifidianana Andraisan’Ny Olompirenena Andraikitra, projet finance par l’Union européenne
[11] Fifidianana ANtoka ho an’ny Daholobe Ifantenana Olombanona, projet finance par l’Union européenne
[12] Mandat avec signature légalisée qui n’est pas exigé par les lois.

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